PLYMOUTH-LA ROCHELLE 1951

LA VICTOIRE D'ELOISE .

Le double récit :

Paul COIFFARD, équipier (Cahiers du Yachting, 1951,n° 2)

ELOISE (alias Reder-Mor), propos recueillis et retransmis par Jean MERRIEN, équipier (Mémoires d'un Yacht, roman, édition De Noël, 1953.

Dimanche 19 aout. - Le départ était fixé à 11 h. 30 pour la classe III, 11 h. 45 pour la classe II, 12 h. pour la classe I. Dès 7 h., les équipages étaient sur pied pour sortir les bateaux du bassin à flot. Pendant toute la nuit un coup de vent de Sud violent, maximum vers les 3 heures, avait fait vibrer les haubans et les drisses. Les équipages un peu inquiets, appréhendaient un départ genre « Fastnet » ; mais le baromètre qui était descendu assez bas commençait à remonter. Nous nous rendîmes avec les autres au dock de Milbay, remorqués par Kass-Rol. Là, chacun complétait sa provision d'eau douce, embarquait les vivres apportés sur le quai par le shipchandler, révisait une dernière fois son gréement. Nous eûmes la surprise de voir des petites filles venir demander des autographes aux équipages, comme on le voit faire en France avant les départs de courses cyclistes. Enfin, à 10 h. 30, appareillage après un substantiel repas.

« C'était dimanche, ou jour de fête, car les wagons restaient immobiles, les palissades des tas de charbon ne s'ouvraient pas.

De bonne heure, à bord de tous les yacks du bassin se fit un grand remue-ménage. Partout on embarquait des provisions (pourtant, en avait-il déjà passé la veille !). Des bouteilles, des bouteilles, des cageots, des cageots, des boites, des pains carrés, des cigarettes par cartons entiers, que des garçons à joues rouges apportaient ou que des camions livraient, en faisant remarquer quelle faveur c’était de travailler « pour les yachtsmen» un jour férié, chose inouïe en Angleterre. Des douaniers contrôlaient ; ils n’étaient pas habillés comme ceux de Concarneau, mais se reconnaissaient tout de suite, à leurs manières identiques, à leur tête de Bretons eux aussi ; il y en eut deux qui parlèrent à mon maitre en une espèce de moitié de breton, du kembraeg, du gallois, quoi. On hissait des voiles non enverguées, on reparait des filières de rambardes. On s'interpellait en toutes langues. on parlait fort, on riait bruyamment, ce qui surprenait ici. Partout on s'activait. Tous les pavillons de poupe étaient en place, battant joyeusement au soleil. Au soleil ! Oui, un beau soleil entre des nuages rapides, mais non pas emportés. Et pourtant, la nuit et la soirée précédentes, j'avais eu grand peur. La pluie s'abattait sur moi en paquets, le vent, par rafales, hurlait dans mes haubans, dans les haubans de mes voisins, amarrés à couple à moi. La tempête, c’était une vraie tempête, pour qu'on la sente ainsi au fond du bassin à flot. »...

« Tous les yacks se précipitèrent à la fois, quand on ouvrit la porte du bassin .

...Et puis, au matin, le vent avait tout molli, les phantasmes de la nuit étaient dissipés, le soleil avait bonne apparence, les hommes regardaient la boite de conserve tournant dans sa caissette de verre, le « sorcier ». et disaient : « II va faire beau. » Certains avaient des moteurs, et prenaient les autres en remorque ; sur tous les avants on lançait des filins, que sur tous les arrières on attrapait. Et la caravane, par tronçons sinueux, sortit du bassin, se dirigea vers la rade, se disloqua vers les bassins de marée, vers des mouillages de hasard en eau profonde. »...

« La superbe rade de Plymouth est un vaste angle de mer, pointe au nord, ferme au sud par une jetée basse laissant une passe à chaque bout, la passe Est et la passe Ouest. Dans ce triangle, tous les yacks de la course-croisière Plymouth-La Rochelle, et beaucoup d'autres venus en amateurs, s'entre-croisaient sous voiles, réglant leur voilure, s’éloignant de la ligne de départ, estimant le temps qu'il leur faudrait pour y revenir et se trouver juste derrière au coup de feu de départ.  Boum !- Dix minutes, dit François. Je trouvais que mon maitre m'emmenait bien près de la digue, bien loin du bateau du jury (les garçons jacassaient comme des mouettes, j’étais tenu parfaitement au courant). II me fit virer; les deux novices firent passer le foc, en cafouillant quelque peu. Ah ! ceux-là, ils n'allaient pas me blesser, me faire perdre du temps, me faire rater ma course? Un autre coup de feu. Cinq minutes Je filais vers le bateau-départ sous une vraiment jolie brise, qui me faisait bien giter, mais non pas forcer . Je devais avoir belle allure, plus belle allure que ... Baoum! Et tous les pavillons du bateau-départ en bas. Ooh! Les imbéciles! « ils » m'avaient fait rater le départ, je n’étais pas derrière la ligne, comme tous ceux-ci, classes III comme nous, qui, déjà, la franchissaient, qui se ruaient sur moi Alors, nous n'allions pas pouvoir courir la régate? Pourtant, mon maitre et les garçons ne semblaient pas désolés, ils me faisaient courir vers le bateau-but, en faire le tour, passer la « Melampus buoy», Ia bouée de ligne, et reprendre ma route vers la jetée. Une minute un quart perdue, fit Paul, pour une course de 355 milles, ce n'est pas tragique! »

 Nous courons quelque temps en rade, sous trinquette et grand'voile, tâtant le vent qui est encore assez fort, W.S.W. Nous prenons le départ à 11 h. 30, au ras de la bouée de Mélampus, à l’extrémité au vent de la ligne, avec 15 à 20 secondes de retard sur le gros de la classe III, gênés par le courant. La plupart des concurrents se dirigent vers la passe Est, au près bon plein, alors que nous sortons par la passe Ouest, après avoir tiré un petit bord. Nous sommes quatre à avoir choisi cette passe, les autres étant Torridge, Margilic II, et Kass-Rol. Dehors, nous nous échelonnons peu à peu, suivant nos ratings respectifs. Les bateaux sortis par l'autre passe ne cherchent pas à serrer le vent : la météo ayant annoncé qu'il retournerait à l'Ouest et au Nord-Ouest, ils ne cherchent pas à faire de cap ; Hervé décide néanmoins de continuer à serrer le vent toujours au maximum, notre cap actuel ne nous permet d'ailleurs pas d'avoir Ouessant ..

 « Mon maitre semblait cependant vexé irrité contre lui-même, de n'avoir pas coupé la ligne le premier. Mais il ne s'agissait plus de cela. En toute hâte, les jeunes gens bordaient a bloc mes écoutes. La plupart de nos concurrents sortaient par la passe Est; ils étaient « plus près bon plein »,la plus rapide de toutes les allures de bateaux de course, et diminuaient rapidement. Trois seulement, devant nous, ne laissaient pas porter, remontaient vers le milieu de la jetée. Ah! en voila un, deux, les trois, qui virent de bord Je comprends : le vent de Suroit est trop pointu pour qu'ils puissent sortir d'un bord par la passe Ouest qu'ils ont choisie, ils louvoient. Nous allons en faire autant, puisque mon maitre me fait serrer le vent autant que je peux, trop, même, beaucoup trop cela me ralentit terriblement. Mais, par exemple, je fais un bon cap, un cap étonnant. II doit y avoir un courant qui me porte au vent. Mon maître est un malin, et nos trois devanciers aussi, les trois autres Français. Et vire Et revire. J'ai l'impression que je gagne sur eux. Surement, je m'en rapproche à chaque bord Hurrah! Mais, là-bas, à l'autre bout de la jetée, les Anglais, une bonne douzaine, sont déjà sortis, prennent de l'avance..Ils connaissent le coin, ceux-là, comment mon maitre ne fait-il pas comme eux? » 

Nous perdons bientôt de vue nos concurrents sortis par la passe Ouest. Des autres, nous voyons surtout Joliette et Right Royal qui sont à peu près à notre hauteur à quelques milles sous le vent. Entre temps, les grands de classe I et II nous rattrapent : Foxhound qui nous passe au vent; Phryna. qui sera 2ème au classement général semble par moments bondir hors de l'eau. Oliver Van Noort nous passe un peu plus tard. Nous continuons à courir ainsi toute l’après-midi au près serré, Vers le soir, la brise adonne, juste assez pour nous donner un cap au vent d'Ouessant, Nous avons maintenant notre génois. Nous essuyons quelques grains avant la nuit.  

« Derrière, d'autres voiles, en foule, grandissaient, nous rattrapaient. Alors quoi? Serions-nous battus par tout le monde? Je finis par comprendre, à ce que disait mon maître, que c’étaient les yacks des classes II et I, plus grands que nous, partis bien après, et qu'ils pourraient nous dépasser sans pour autant nous battre. Les hommes ont de drôles de combines. Toutefois, ce que je retenais, c’était que notre combat ne se livrait vraiment que contre les yacks de notre série, ceux qui disparaissaient la-bas. Comme ils étaient beaux, les grands qui nous doublaient.Tiens, ils nous doublaient de très près, même certains au vent à nous;faisaient-ils le même calcul que nous ? Je n'avais encore jamais vu de yacks en haute mer, sauf nos Français de tout à l'heure, que je jugeais méprisables. Ceux-ci jaillissaient de l'eau comme des marsouins brillants de lustre, montraient par moment jusqu'à leur quille, leur étrave nette et coupante. Comme leurs voiles étaient glorieuses dans le soleil! Ils allaient, imperturbables, semblaient peiner beaucoup moins que moi, repoussant une moustache d'écume plus grande que celle des lames. A leur bord, les équipes nous regardaient à la jumelle, nous saluaient en levant le bras Et, l'un après l'autre, ils passèrent. »

Lundi 20. - Peu après minuit, nous perdons de vue les feux de nos concurrents. A 2 h. 30, nous apercevons sous le vent les éclats de Créach' d'Ouessant. La mer est belle, la brise mollit. Dans la matinée, nous doublons Ouessant avec le courant pour nous, dans une mer très dure, hachée et déferlante. La brise est relativement faible en dehors d'un grain qui nous oblige à amener la grande trinquette ;

 « Creac'h fut aperçu à 2 h. 30 par un quart bâbord. Mon maitre grogna seulement: « Le vent est pareil? alors, parfait; même route au 225 », et se rendormit. II avait confiance en François. Moi aussi. Et j'allais: « bjiom, buuiiiii; bjiom, buuuiiiii. » II faisait frais. François et Paul fumaient, buvaient du thé chaud, racontaient des histoires de gamins. D'une voix sourde. Sans perdre de l’œil Créac'h. Le vent avait un peu adonné, François fila un peu mes écoutes,me faisant courir plus allégrement encore. Aucune lumière sur la mer. Quand le jour se fit, la haute falaise d'Ouessant, par deux quarts bâbord, émergeait d'une brume bleue.Mais le ciel était couvert, le vent aigre; des nuages en bande, dont certains pouvaient porter des grains, annonça Pierrot, venaient de l'Ouest. J'avais toujours entendu prononcer avec crainte le nom d'Ouessant , Enez Eussa, « l'île de l'épouvante » . Pourtant, j'en approchais rapidement, dans une mer toujours agréable. Pas une voile en vue. Qu’étaient devenus tous les autres ? Nous approchions. La mer se faisait plus dure, assez pénible. Quand nous eûmes doublé la bouée de Keleren, et que mon maitre eut filé les écoutes pour longer l'ile, elle se mit à lever terriblement. Le vent modéré m'appuyait mal, à cette allure du travers, je bourlinguais abominablement. D’énormes coins d'eau semblaient se soulever sous moi, se dressaient à tribord, frisaient d’écume, jetaient sur mon passavant et même dans mon cockpit des masses d'eau vert sombre, que la cuve du cockpit évacuait péniblement. »

 et nous sommes à 10 h. 30 par le travers de la Jument. Dès lors, la course est pratiquement gagnée, car nous profitons au maximum du courant depuis sa renverse. Les concurrents qui nous suivent l'ont contre eux, et l'auront contre encore quand ils seront où nous sommes. La mer sera de plus en plus dure et c'est là que Mouette démâtera.

« Il ne finit pas sa phrase, plongea dans la cabine. Bientôt il en cria : Vous ne savez pas, les gars, nous avions le courant avec nous, d'où cette mer cassée; mais nous voici juste à l'étale ; tous les petits copains qui sont derrière l'auront dans le nez, et avec une mer encore pire. Ce qui fait, je ne sais pas si vous me comprenez, ce qui fait que, si nous sommes passés les premiers de notre classe, ce qui est possible, nous avons maintenant cinq ou six heures d'avance sur les autres! Qu'est-ce qu'on boit? « Et compliments à l’équipage. Pas un malade là-dedans, ça c'est bien! » Je suivais mal son discours. Mais j’étais content, car (décidément, mon maitre savait tout) la mer était complètement tombée en quelques instants, j'allais superbement, sous mon foc ballon, dans le soleil revenu; et, de ma pomme de mât, je ne découvrais pas une seule voile de yack. » 

A 13 h. 15, nous doublons la bouée d'Ar-Men. Peu de temps après, nous établissons le spinnaker que nous allons conserver pendant près de 24 heures.Nous fourrons les filières et batayolles pour empêcher l'usure et la rupture du bras au portage.

« A la bouée d'Ar Men, mon maitre m'avait fait prendre route au compas au 142, pas tout à fait au Sud-Est vrai, route que je devais, s'il n'arrivait rien d’imprévu, conserver pendant presque tout le reste de la course: cette soirée, la nuit à venir, la journée suivante, et encore une partie de la deuxième nuit. 195 milles en ligne droite, d'Ar Men au Perthuis d'Antioche, par le large des Glénans, le large de Groix, le large de Belle Île, le large de l'ile d'Yeu, le large de l'île de Ré. Au passage, on reconnaitrait Penmarc'h à la vue, Groix, Belle Île par leurs feux, Yeu à la vue, Ré par ses feux...et on arriverait. Ainsi en fut-il. ».... « De jour, le soleil était tiède, mon équipage se grâlait sur le pont, comme sur une plage, sous prétexte de surveiller le spi. Mon maitre? Mon maitre dormait, dormait, ne s’arrêtait de dormir que pour questionner :en route au 142? et se rendormir; de temps en temps manger, boire et redormir. Terrible vraiment, épuisante course croisière! Et l'Île d'Yeu apparut, ne fut plus qu'a quelques milles, disparut. Sur bâbord, le jour céda juste à temps pour passer la relève aux feux des Sables d'Olonne, aux Baleines de Re. Tous les relèvements toujours, étaient justes, et le loch, corrigé de son pessimisme, disait bien le chemin parcouru. Et le ciel restait bleu, ou piqueté d’étoiles, par un vent de Noroit qui, pourtant, n'a coutume d’être ni doux, ni régulier. Et voila qu'apparaissait le feu de Chassiron, Chassiron qui, de son oeil, voyait la ligne d’arrivée ! C'etait le dernier coude, avant le triomphe ou la honte. »

Mardi 21. - A 3 h. 30, nous apercevons le pinceau de Goulphar de Belle Isle. Dans la matinée, le vent redescendant au S.W., on change le spi par le génois. 15 h. : aperçu l'Ile d'Yeu à la limite de visibilité. A 20 h. 40, nous relevons le feu des Baleines, 15° sous le vent. Vers 23 h., quelques milles avant la bouée de Chauveau, nous nous préparons à réenvoyer Ie spinnaker, quand nous apercevons, derrière nous, un grand spi blanc. Depuis plus de 30 h., nous n'avions pas vu un concurrent. Quand il nous crie son nom : Morva, nous poussons un soupir de soulagement, car c'est un grand de la classe II. Quelle émotion ! Nous courons maintenant sous notre spi jusqu’à l’arrivée. 

« Mais qu'était-ce? Dans la nuit très sombre, tout près derrière moi, une forme blanchâtre semblait se dessiner. Les hommes écarquillaient leurs yeux. Oui, oui, quelque chose. Hélas! Le spi d'un yack, qui nous rattrapait, allait nous doubler. Ooh! pensais- je, perdre ainsi la course quelques milles avant l’arrivée! Surement, ce yack était celui que nous avions vu venir, puis rétrograder, près d'Ar Men. Si mes hommes n'avaient pas rêvé ... J'en trépignais de colère sur les lames courtes du Perthuis. Mes gars étaient le long du bord, à regarder passer l'intrus. Mon maitre alluma une torche électrique,lut un nom. Alors ce fut... une explosion d’allégresse! Ils criaient : classe I, c'est un classe I ! Moi, je trouvais cela désagréable, et non joyeux. Mes hommes cherchaient à repérer la ligne d'arrivée il nous fallait faire un peu de Nord-Est. Enfin, cette fois, le spi... Non! Le vent sauta au Suroit, et,pour bien montrer que ce n’était pas plaisanterie, le phare de Chassiron éclaira, dans ce Sud-Ouest, des grains en formation. Peu importe ! Nous arrivions »....

Mercredi 22 aout. - A 3 h. 07, nous coupons la ligne d’arrivée. Venant du Minahouet, bateau but, nous reconnaissons les voix familières de l’équipage de l'Ariane avec lequel, en juillet, nous avions fait Port-Bloc-San Sébastian, et qui vient d'arriver la veille, premier en temps réel. du Palais-Tour de Groix- La Rochelle. Cinq bateaux de la classe I et deux de la classe II seulement étaient déjà là. Des lors, nous avions le meilleur espoir jusqu’à la publication des résultats où nous avons eu la joie d'envoyer le pavillon de victoire. "

« Dans le jour qui suivit, et le lendemain, nous étions près de cent yacks en rond tout autour des quais du bassin à flot de La Rochelle, tous pavoisés de tous les pavillons, flammes, guidons, marques, que nos caissons avaient pu receler. Leurs guirlandes montaient au sommet de mâts immenses, se reflétaient sur l'eau du bassin, s'illuminaient la nuit plus brillamment encore que je ne l'avais été pour mon carénage. Paul disait que nous avions l'air d'un buisson de crevettes arrosé de confettis. Et moi, l'un des plus petits, peut-être le plus jeune, brave débutant naïf portant un équipage de gamins, après une traversée-bain-de-soleil (expression de Pierrot), j’étais seul, tout seul à porter, battante à ma barre de flèche tribord, l'immense flamme bleue de la victoire. Moi,moi, avoir battu tous ces magnifiques bateaux, trois fois plus forts, dix fois plus expérimentés, en arrivant après certains et avant d'autres, c’était vraiment... trop rigolo. Et, de rire, je secouais le pavillon de mon maitre: d'azur aux trois coquilles, d'or. Je mens: ce n’était pas de rire, c’était d'orgueil. »...

Entre temps, de magnifiques réceptions organisées grâce à l'inlassable activité de M. L. Lebon se déroulaient à La Rochelle le mercredi, et à Cognac le jeudi, plongeant les équipages anglais et français (et particulièrement le notre) dans l’euphorie la plus complète. 

« Mais, comme les triomphateurs antiques (Paul dixit), j'avais, sans arrêt, ma mortification: parmi les badauds qui passaient, les enfants demandaient : Dis, p'pa, le gagnant, qu' a Ia flamme bleue, c'est çui-là ? Il est tout petit ! Et, comme nous étions si serrés que nos haubans se mélangeaient, le père répondait : Mais non, c'est ce gros-là, qui a des carreaux sur le pont, et deux mâts, tu vois comme il est bien taillé. Lequel gros était, avait dit mon maitre, un ketch wishbone, qui abandonnait toujours, sans quoi il aurait toujours été dernier. »...